Le conte de la Princesse Kaguya
VERSION FRANÇAISE et VOSTF (voir grilles horaires )
Les yeux s’écarquillent, la bouche s’entrouvre de béatitude, tous nos poils se hérissent de bonheur, on se sent empreint d’une sérénité semblable à celle qui s’emparerait de nous si nous étions téléportés au printemps au pied du mont Fujiyama alors que les fleurs des cerisiers s’envolent et qu’un léger vent fait frémir les rizières… C’est l’effet Princesse Kaguya… Cette merveille de film d’animation est l’œuvre d’Isao Takahata, l’alter ego de Hayao Miyazaki au sein des désormais légendaires Studios Ghibli. Un alter ego moins célèbre, moins productif mais tout aussi talentutueux, dont les chefs d’œuvre étaient jusqu’à présent Le Tombeau des lucioles et Mes voisins les Yamada. Mais c’était avant Le Conte de la Princesse Kaguya…
Au soir de sa vie, Takahata est allé chercher, très loin dans le temps mais pas si loin dans l’imaginaire nippon, un conte millénaire, celui du « Coupeur de bambous », écrit probablement à la fin du ixe siècle mais que tout petit Japonais connaît aussi bien que nous connaissons la souris verte ou le corbeau et son calendos coulant.
L’histoire suit un couple, un vieux coupeur de bambous et sa femme, dont la vie pourrait être heureuse s’ils étaient parvenus à avoir un enfant. Jusqu’au jour où, après un coup de machette miraculeux, le brave homme découvre au creux d’un bambou un nourrisson, une petite fille, cadeau de la nature. Ils l’adoptent, fous de joie, et tout serait normal si l’enfant ne grandissait exceptionnellement vite, au point de devenir en un rien de temps une superbe jeune fille. Et ce au moment où le coupeur de bambous trouve par hasard une pépite d’or dans laquelle il voit un signe du destin : il financera ainsi l’avenir de sa fille qu’il compte bien emmener à la ville pour en faire une princesse qui pourra être mariée aux plus grands notables de l’Empire.
Tout en respectant le récit au premier degré du conte, Takahata en fait une merveilleuse allégorie sur le temps qui passe bien trop vite, nous menant à la fin inéluctable (le film prend là des allures testamentaires), et sur la liberté. La jeune princesse, au départ émoustillée par le faste, les beaux tissus, les palais, comprend vite, alors qu’on veut lui imposer les codes de la femme aristocratique japonaise (noircir ses dents, raser ses sourcils, être posée et soumise) et que les prétendants (y compris l’Empereur) se pressent pour avoir sa main, que la liberté et le bonheur ne sont pas là mais du côté des champs où elle imitait (scène géniale) les grenouilles et riait avec ses amis garçons de ferme.
Visuellement c’est éblouissant, à vingt mille lieues de l’esthétique dominante de l’animation japonaise : Takahata a travaillé avec différentes techniques, notamment l’esquisse et le fusain, son trait évoque les estampes traditionnelles, débarrassées de leur hiératisme pour leur apporter une douceur propre à l’univers du réalisateur, douceur qui convient bien à la description sereine des paysages ruraux et de la nature luxuriante. Côté animation, c’est parfois vraiment bluffant, comme dans cette scène incroyable où Kaguya, fuyant ses prétendants à grandes enjambées, devient dans un maelström graphique un tourbillon presque abstrait. Face à une telle merveille, on voudrait que les deux géants que sont Takahata (78 ans) et Miyazaki (73 ans) poursuivent leur œuvre et deviennent centenaires, sinon on va se sentir bien orphelins…
Les yeux s’écarquillent, la bouche s’entrouvre de béatitude, tous nos poils se hérissent de bonheur, on se sent empreint d’une sérénité semblable à celle qui s’emparerait de nous si nous étions téléportés au printemps au pied du mont Fujiyama alors que les fleurs des cerisiers s’envolent et qu’un léger vent fait frémir les rizières… C’est l’effet Princesse Kaguya… Cette merveille de film d’animation est l’œuvre d’Isao Takahata, l’alter ego de Hayao Miyazaki au sein des désormais légendaires Studios Ghibli. Un alter ego moins célèbre, moins productif mais tout aussi talentutueux, dont les chefs d’œuvre étaient jusqu’à présent Le Tombeau des lucioles et Mes voisins les Yamada. Mais c’était avant Le Conte de la Princesse Kaguya…
Au soir de sa vie, Takahata est allé chercher, très loin dans le temps mais pas si loin dans l’imaginaire nippon, un conte millénaire, celui du « Coupeur de bambous », écrit probablement à la fin du ixe siècle mais que tout petit Japonais connaît aussi bien que nous connaissons la souris verte ou le corbeau et son calendos coulant.
L’histoire suit un couple, un vieux coupeur de bambous et sa femme, dont la vie pourrait être heureuse s’ils étaient parvenus à avoir un enfant. Jusqu’au jour où, après un coup de machette miraculeux, le brave homme découvre au creux d’un bambou un nourrisson, une petite fille, cadeau de la nature. Ils l’adoptent, fous de joie, et tout serait normal si l’enfant ne grandissait exceptionnellement vite, au point de devenir en un rien de temps une superbe jeune fille. Et ce au moment où le coupeur de bambous trouve par hasard une pépite d’or dans laquelle il voit un signe du destin : il financera ainsi l’avenir de sa fille qu’il compte bien emmener à la ville pour en faire une princesse qui pourra être mariée aux plus grands notables de l’Empire.
Tout en respectant le récit au premier degré du conte, Takahata en fait une merveilleuse allégorie sur le temps qui passe bien trop vite, nous menant à la fin inéluctable (le film prend là des allures testamentaires), et sur la liberté. La jeune princesse, au départ émoustillée par le faste, les beaux tissus, les palais, comprend vite, alors qu’on veut lui imposer les codes de la femme aristocratique japonaise (noircir ses dents, raser ses sourcils, être posée et soumise) et que les prétendants (y compris l’Empereur) se pressent pour avoir sa main, que la liberté et le bonheur ne sont pas là mais du côté des champs où elle imitait (scène géniale) les grenouilles et riait avec ses amis garçons de ferme.
Visuellement c’est éblouissant, à vingt mille lieues de l’esthétique dominante de l’animation japonaise : Takahata a travaillé avec différentes techniques, notamment l’esquisse et le fusain, son trait évoque les estampes traditionnelles, débarrassées de leur hiératisme pour leur apporter une douceur propre à l’univers du réalisateur, douceur qui convient bien à la description sereine des paysages ruraux et de la nature luxuriante. Côté animation, c’est parfois vraiment bluffant, comme dans cette scène incroyable où Kaguya, fuyant ses prétendants à grandes enjambées, devient dans un maelström graphique un tourbillon presque abstrait. Face à une telle merveille, on voudrait que les deux géants que sont Takahata (78 ans) et Miyazaki (73 ans) poursuivent leur œuvre et deviennent centenaires, sinon on va se sentir bien orphelins…