Affiche du film Joe

Joe

de David Gordon Green
VOSTFR
Bande annonce
Film etats-unis sorti le 30 avril 2014
Avec Nicolas Cage, Tye Sheridan, Gary Poulter et Ronnie Gene Blevins
Durée : 1h57

La littérature américaine a ceci d’extraordinaire qu’elle constitue un inépuisable réservoir de scénarios en tout genre. La pépite n’est jamais loin. De ce point de vue, il était pour le moins étonnant que les livres de Larry Brown, un auteur de romans noirs mort en 2004, n’aient jamais fait l’objet de la moindre adaptation. Joe, le film de David Gordon Green, répare cet oubli. Non seulement c’est un bon film, mais il donne une furieuse envie de découvrir cet auteur injustement méconnu. Après de multiples comédies, David Gordon Green revient au drame rural avec Joe. Une initiative bienvenue, d’autant plus surprenante que l’on découvre un Nicolas Cage inattendu. 
Joe Ransom descend les bouteilles aussi vite qu’il brûle sa vie. Joe est peut-être irresponsable, il n’en est pas moins un travailleur acharné. C’est dans une forêt, où il est employé à abattre les arbres, qu’il fait la rencontre de Gary, un adolescent de 15 ans, et de son père, Wade, un alcoolique bon à rien et violent. Pour Gary, tout n’est pas perdu ; il est encore temps pour lui d’emprunter le droit chemin, à condition d’échapper à l’emprise néfaste de son père. Jœ l’engage ainsi à ses côtés et, contre toute attente, les deux hommes finissent par sympathiser. Le chemin de la rédemption, dans une petite ville du Sud, sera jalonné de soirées en solitaire, de travail réalisé à la sueur du front, de premières bières et de fous armés.

Joe raconte une histoire simple et universelle. La rencontre d’un jeune garçon avec une figure paternel à laquelle il peut se raccrocher. Mais aussi la possibilité pour un sale type d’envisager une forme de rédemption à tous les malheurs et coups tordus qu’il a pu semer autour de lui. En prenant Gary sous son aile, Joe entrevoie la possibilité d’offrir à ce gamin la chance de démarrer sa vie sur le bon chemin et peut-être ainsi d’échapper au déterminisme social auquel il est fatalement condamné. Le film s’inscrit dans un courant de renouveau du cinéma indépendant américain, on pense fatalement à Mud et ce pour plusieurs raisons. La première c’est évidement la présence du jeune Tye Shéridan, qui s’est vu récompensé du Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune espoir à la dernière Mostra de Venise, mais aussi que David Gordon Green et Jeff Nichols ont le même âge et se sont cotoyés durant leurs études à l’école d’art de Caroline du Sud où ils ont tous les deux travaillés sur un documentaire consacré à Larry Brown comme assistants réalisateurs. La boucle est bouclée.

Depuis L’autre Rive, David Gordon Green s’était un peu perdu. Chantre de la comédie vite fait, il a enchaîné Délire express, Votre majesté ou Baby-sitter malgré lui… Un humour nerd un peu éloigné du style solaire, ancré dans la mythologie d’une Amérique du terroir, qui avait si bien fait le charme juvénile de L’autre rive en 2005. Joe, acclamé à Venise, qui vaudra un bel hommage à Nicolas Cage à Deauville, est donc le film d’une double résurrection, celle d’un cinéaste qui répond à une longue tradition cinématographique rendant hommage à la littérature de Faulkner, et d’un comédien qui s’était très longtemps égaré dans la série B à forte tendance Z…