Affiche du film Everyone’s going to die

Everyone’s going to die

de JONES
VOSTFR
Bande annonce
Film angleterre sorti le 9 juillet 2014
Avec Nora Tschirner, Rob Knighton, Kellie Shirley, Stirling Gallacher, Liberty Selby...
Durée : 1h27

C’est une des bonnes surprises de l’été, un petit film indépendant british qui a le charme d’une ballade pop, qui cache sous son titre faussement fataliste une mélancolie douce, un humour noir réjouissant et une nonchalante élégance. Deux âmes perdues. Une dernière chance de tout recommencer… Sur un sujet pas vraiment original, Jones nous livre (en fait on devrait tout écrire au pluriel puisque ce patronyme passe-partout désigne un duo d’auteurs-réalisateurs londoniens qui signent leur premier long métrage) une fable douce-amère où le temps qui passe sans que jamais grand chose ne se passe va finalement ouvrir une porte pour laisser émerger, au détour d’une improbable rencontre, la simple et belle idée que le bonheur est devant, à portée de main.
Du bonheur pourtant, on dirait bien que Ray en est privé depuis des décennies. Avec sa belle gueule triste, ses cheveux filasses et son costume de mafioso, on le croirait tout droit sorti d’une série américaine, dans le rôle d’un quelconque porte-flingue au service d’un caïd. Il en a un d’ailleurs, de flingue, mais a priori il n’est pas chargé et de toute façon il ne sait pas vraiment s’en servir. Que fait-il ? Qui est-il ? Mystère… mais le mystère ici n’a pas grande importance, il nous suffit juste de savoir que Ray trimbale sous sa grande carcasse fatiguée un regret qui pèse des tonnes et dont il espère bien, enfin, se débarrasser. Il nous suffit juste de savoir aussi qu’il va rencontrer une fille bien plus jeune, mais à peine moins mélancolique que lui, Mélanie.

De son côté, le bonheur, elle a sans doute cru l’entrevoir, dans les bras d’un fiancé anglais auprès de qui elle est venue vivre, quittant son Allemagne natale. Mais le fiancé est artiste, riche, toujours très occupé et de moins en moins disponible pour cette brunette désœuvrée, qu’il utilise au passage sans scrupule pour dépanner sa sœur (odieuse) en panne de baby-sitteuse. Sans être complètement perdue, Mélanie a le sentiment que cette vie-là n’est pas pour elle. Mélanie est du genre à flâner, à se laisser porter par le vent et les rencontres qu’il voudra bien pousser sur son chemin, pas du genre à maîtriser chaque seconde de son existence accrochée à son téléphone portable ou à sa tablette dernier cri.
Of course, ces deux-là étaient faits pour se croiser. La rencontre aura lieu, décalée, irréelle, hors de tous les cadres tristement convenus de la séduction, de la drague. Car ils sont deux spécimens rares, traçant maladroitement leur route sur les chemins de traverse, ceux que plus personne n’emprunte dans ce monde agité et tellement bien organisé, personne sauf les doux rêveurs, les plus ou moins à côté de leurs pompes (le contraire des redoutables droits dans leurs bottes).

Et tout cela nous donne une chouette balade au bord de mer, quelques scènes complètement absurdes d’où jaillissent l’émotion mais aussi le rire, le tout porté par une bande-son particulièrement bien composée, qui ajoute grandement au charme du film. Qui doit aussi beaucoup à son duo d’acteurs, à la délicate alchimie, basée sur l’attraction des contraires, qui s’installe entre le mutique et nordique Rob Knighton, poseur de moquette jusqu’à très récemment, avant que ne soit repéré son charisme (étonnant mélange de Mads Mikkelsen et de Vigo Mortensen… si, si !) et la volubile et fantasque Nora Tschirner.
Everyone’s going to die, sans aucun doute. Mais en attendant, il y a encore plein de petits bonheurs de cinéma comme celui-ci à saisir au vol.