Metropolis

« Goebbels me raconta que, plusieurs années auparavant, lui et le Führer avaient vu mon film Metropolis, et Hitler avait alors dit qu’il aimerait que je fasse des films nazis » (Fritz Lang, 1941)

Film « monstre » et monumental ; œuvre visionnaire et miroir d’une époque ; référence incontournable de la science fiction et de la pop culture ; « Metropolis » est à la fois célébré et décrié, jusqu’à Fritz Lang lui-même qui déclara en 1959 qu’il n’aimait pas ce film : « C’est faux, la conclusion est fausse, je ne l’acceptais déjà pas quand je réalisais le film. »

« Metropolis », adapté du roman éponyme de l’épouse et scénariste de Lang, Thea Von Harbou, est la production la plus couteuse de cet âge d’or du cinéma allemand de l’entre-deux-guerres. Produit par la UFA (société de production et de distribution qui rivalise avec les studios hollywoodiens), ce film est celui de la démesure et de la folie : un film expressionniste d’avant l’apocalypse !

Entre taylorisme et totalitarisme ; fascination pour le gigantisme architectural d’une ville moderne et cauchemar technologique, l’ordre et le désordre y côtoient l’autorité et le pouvoir, jusqu’à une improbable réconciliation entre l’oppresseur et l’opprimé.

« Metropolis » est une œuvre de science fiction digne des grands romans du genre (même si H.G. Wells a détesté ce film), car Lang a su évoquer ce monde au bord du précipice dans une représentation future, à l’heure de l’avènement d’un Führer.