Dead Man
suivi d’une conférence de Thierry Cormier
Le comptable, l’indien et le cannibale
« J’étais pour ainsi dire classé avec les morts. »
(Joseph Conrad, « Au coeur des ténèbres »)
« Dead man » est une fable violente et contemplative avec comme décors l’Ouest américain, ses mythes et ses légendes, ses codes et ses figures hérités du western hollywoodien classique des années 40. C’est aussi une variation crue et noire inspirée par ces westerns crépusculaires des décennies 60 et 70, dont l’approche documentée accompagnait la réhabilitation des civilisations amérindiennes.
Au rythme des accords métalliques de Neil Young, – compositeur de la bande originale -, avancent des personnages qui, plus que des fantômes de l’histoire du cinéma qui hanteraient chaque plan, sont avant tout des morts-vivants se déplaçant à la frontière d’une civilisation qui cache mal sa sauvagerie, entre nature morte et vanité.
Si la direction que prend le héros du film le mène vers le royaume des morts, son aventure n’en reste pas moins initiatique, et contée à la manière d’une « ballade » sauvage, à l’opposer d’une « Conquête de l’Ouest » mille fois fantasmée en tant que récit mythologique et fondateur de l’Amérique. – Thierry Cormier